« La fin de la colo »
On est jeudi, la fin de ma Route du Rhum approche, enfin on espère, je compte les jours, mais c’est aussi le moment où on pense au retour à terre. Cela me rappelle ce moment où petit, mes parents nous envoyaient en colo mon grand frère et moi, chaque année au mois de juillet.
Alors les larmes me viennent (véridique), ce brin de nostalgie en se disant que c’est fini, on va quitter les copains (les poissons volants), le staff qui nous engueule et qui nous guide avec qui on passe de belles veillées (mon gréement, mon bateau), le flirt avec la fille mignonne du groupe (la houle atlantique), le relou de la bande qui emmerde le monde (la traversée du golfe de gascogne) mais qui au final n’est pas si mauvais , cet environnement de liberté sans les parents, seul, mon Atlantique…
Qu’est ce qui fait qu’une part en nous n’a pas envie d’y aller d’abord, puis n’a pas envie de le quitter non plus ? L’attrait du vide ? La recherche de nouvelles expériences ? De sensations fortes ? D’envie de se (re)trouver ?
Car la Route du Rhum, c’est un peu comme la colo. Sur le papier c’est top, on va s’éclater avec avec les copains et plein d’activités. Mais la réalité est toute autre, dès qu’on monte dans le car pour partir. Les galères commencent et les amitiés naissent. On rit, on pleure, on est nostalgique, on est fou de joie, on déconne, on en redemande.
Alors, on y va cet été en colo ? On plonge dans l’Atlantique en Novembre sur ce gros bateau ? Et le 4 novembre, on a quand même les boules de partir, de quitter son quotidien, ses potes, sa femme et ses deux garçons. On sait qu’on va au casse-pipe, qu’on va être (très) malade, qu’il va falloir bricoler, qu’on va en ch… qu’on va être épuisé, qu’on va se faire mal, que le bateau est lourd, que les manoeuvres sont longues… et au final c’est addictif. On s’est éclaté. La mémoire est sélective.
Alors les parents, il y aura-t-il une prochaine colo ? On repart dans 4 ans ?
Romain sur l’Atlantique, à 1000 milles nautiques de l’arrivée